Hommes de Polynésie Retrouvez nous sur
Site de Femmes de Polynésie Hommes de Polynésie

Je passe
d'un site à l'autre

Société

Teiva, Cap sur « Ecole de Pirogue à Voile, Moana Explorer et 17 Sud Composites »

Publié le 28 avril 2019

Près d’un an après notre premier entretien avec Teiva Véronique-Gatata (1), le jeune passionné de voile a changé sa casquette de compétiteur pour celle d’entrepreneur. En plus de son école de pirogue, il a avec deux autres associés lancé « Moana Explorer » et « 17 Sud Composites », la première propose des excursions touristiques ou sportives en pirogue à voile et l’autre construit des pirogues à voile composites. Le concept de ce nouveau venu dans le paysage de la fabrication de pirogues à voile géré par le startupper de l’année Manuarii Poulain, est de maîtriser l’impact humain sur l’environnement.  Hommes de Polynésie a rencontré le navigateur.

UNE IDEE

Il planchait sur l’idée depuis déjà plusieurs années. Une idée née au contact des membres de l’équipage du Fa’afaite dont Claude Carlson, une navigatrice passionnée et passionnante qui a su réveiller en lui son besoin de contribuer à la sauvegarde d’un savoir faire ancestral.

« On a connu la valorisation de la danse, du tatouage, de la sculpture, de la musique, tout cela s’est fait grâce à nos ancêtres qui ont vogué sur l’océan Pacifique avec des pirogues à voile.»

Il ne lui a pas fallu longtemps avant de convaincre deux autres mordus de voile, Manuarii Poulain et Benjamin Prioux, de le suivre dans sa quête de projet. Après avoir été capitaine sur des catamarans à voile et sur Fa’afaite, il tenait enfin ses idées : la construction de pirogues type « Va’a ta’ie tautoru » une embarcation avec deux balanciers, facile à manœuvrer ; puis de monter son école de voile et pendant un an faire le tour des communes, établissements scolaires, et des structures associatives ; et pour finir, proposer des excursions touristiques grand publique, sur plusieurs îles de Polynésie (Tahiti, Moorea, Raiatea-Tahaa, Rangiroa).

« On ne peut pas chavirer. On peut installer des trampolines de chaque côté et deux sièges dans lesquels on peut ramer confortablement, contrairement aux anciennes pirogues ».

La pirogue allie technologie de construction avec des matériaux composites, fibre de verre et résine « Il permet d’avoir une homologation sur la possibilité de naviguer en mer sans que cela ne casse et facile à réparer », et techniques de navigation comme : « l’observation des nuages, du soleil, des étoiles la nuit, de la houle, des vagues, du courant, des oiseaux, des observations sur la terre, c’est un tout qui fait que l’on arrive à se repérer, à savoir où l’on va, à revenir au point de départ ! »

Derrière cette initiative, le directeur d’école de pirogue à voile espère repérer les futurs sportifs ou former des moniteurs de voile qui feront faire des cours de navigation à des enfants habitant les vallées et qui n’ont plus trop l’occasion d’aller sur la mer.

Pour démocratiser ce projet Teiva ira avec ses associés à la rencontre de toutes les communes de Tahiti et « en une année on peut faire le tour de l’île avec pour objectif de montrer que l’on peut se déplacer avec notre prototype au contact de la nature ».

UNE ENTREPRISE SOUTENUE

Pour que ce projet prenne vie il fallait un business plan à commencer par une étude de marchés. Une levée de fond via une plateforme polynésienne de financement participatif « Crowdfunding C-Reva » leur a donné la meilleure des indications avec une récolte honorable de 950 000 francs.

Ne restait que les banques et d’autres partenaires à persuader comme la Sofidep, la DGAE, Initiatives Polynésie, les dispositifs de défiscalisations, et les mairies. La CCISM a été le dernier maillon de toute cette chaîne de solidarité et a propulsé « 17 Sud composites » au firmament des entreprises locales les plus en vogue.

« Un jour je serais très heureux de voir une centaine de pirogues à voile sur l’eau faire des rencontres entre les îles de la Polynésie à s’éclater à faire des régates de pirogues à voile, à s’éclater en créant des métiers de la mer. »

Manuarii Poulain, gérant de « 17 Sud composites », est à ce jour auréolé du titre de « Startupper of the year » décerné par la CCISM, et avec Teiva et Benjamin Prioux ils ambitionnent d’ici une dizaine d’années de construire des grandes pirogues à voile pour que l’on puisse recréer tous les échanges entre Aotearoa, Tonga, Samoa, Hawaii et Rapanui, afin de limiter notre impact environnemental.

POURQUOI EST-CE AUSSI IMPORTANT ?

Teiva, qui a toujours aimé enseigner, souhaite transmettre ses connaissances de navigateur, son amour pour l’océan à la population. Ni le fait d’être enfermé dans ses bureaux pour consulter ses chiffres, ni établir des prévisionnels ne le fera dévier de son cap. Les nombreux retours positifs lui permettent de conserver toute sa motivation.

A l’ère du numérique, il est convaincu que la voile peut tracer son chemin. « Le numérique va nous permettre de dessiner les futures pirogues à voile, accueillir les touristes qui voudront s’y essayer, de coordonner toutes les actions qui seront mises en place parce que tout passe par Internet. Faut faire avec, sans perdre de vue aujourd’hui que si l’on est ici c’est grâce à nos ancêtres. »

L’homme polynésien selon Teiva est ambitieux, qui n’a pas peur de franchir les océans pour découvrir de nouvelles connaissances, faire de nouvelles rencontres, qui va se battre pour mener à terme ses projets. Il souhaiterait lui dire :

« On est tous au même niveau quelque soit notre rang social, que quand on a une idée tout est possible. Dans quelques mois on sera en mesure de construire 10 pirogues à voile, donc on peut y arriver sans se laisser tenter par la facilité et se faire entourer par des personnes de confiance. Si vous pensez que les métiers de la mer sont faits pour vous nous vous accueillons à bras ouverts ! »

Plus d'informations

Jeanne Phanariotis
Rédactrice web

© Photos : Tahiti Zoom, 17 Sud Composites, Teiva Véronique-Gatata

Partagez Maintenant !

Newsletter

Abonnez-vous à notre newsletter pour recevoir du contenu de qualité

* En cliquant sur VALIDER, nous attestons que l'adresse mail ne sera utilisée que pour diffuser notre newsletter et que vous pourrez à tout moment annuler votre abonnement.