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Portrait

Tamui Teinaore dit nana à la MFR de Papara !

Tamui Teinauri dit nana à la MFR de Papara !

Publié le 1 octobre 2018

Après 35 ans à se former, faire former et former les locataires de la Maison Familiale Rurale de Papara, Tamui Teinauri cède sa place de directeur. Une retraite à 60 ans pile-poil. Hommes de Polynésie s’est rendu au PK39.2 côté montagne à la rencontre de cet homme profondément attaché aux valeurs de réussite de ses élèves.

« Tout ce que je veux moi c’est que ce jeune qui m’est confié s’en sorte et qu’il dise « tu vois ce vieux qui est là-bas, heureusement ce vieux-là. »

L'agriculture son avenir

Tamui Teinauri, a grandi dans un foyer installé à Papara en 1949. Une famille d’adoption…des cousins de son père. Ils ont trimé toute leur vie pour qu’il fasse quelque chose de la sienne. Il suit une scolarité entre Papara, Faa’a et Moorea.  Sur l’île sœur, il se forme au métier de l’agriculture. Après 3 ans d’apprentissage, il revient à Papara. Il cherche du travail mais pendant 3 mois ne trouve rien. C’est le maire en personne qui le recrute pour intégrer la MFR. Ses 5 ans dans une entreprise agricole avec pour base les structures Maraîchère font de lui le candidat idéal au poste de moniteur.

Une longue carrière : 1985 - 2018

En 1985 l’objectif des présidents fondateurs Michel dit Mitou Lehartel et Roger Doom était de récupérer des élèves qui n’avaient aucun bagage scolaire. Qu’ils puissent bénéficier d’une éducation en alternance. Il a donc été proposé de faire une semaine de théorie à l’école suivi d’une une semaine de pratique sur le terrain.

« Quand j’ai été nommé, j’ai été très content, je me suis donné à fond, je n’ai pas eu peur grâce au parcours professionnel que j’ai eu avant d’arriver là. Mon sens du contact avec les jeunes que j’ai acquis au Ha’api’ira’a tapati (école du dimanche) où j’étais moniteur, m’a permis de très vite m’adapter. »

Tamui était moniteur. A sa charge ? Enseigner le français, les mathématiques appliquées et accompagner les jeunes dans leurs démarches de recherche de travail. Ce n’est que bien plus tard que le Ministère de l’Agriculture National auquel sont rattachés les MFR, a posé un cadre et permit la formation des moniteurs.

« Ils existent 8 maisons familiales en Polynésie : 5 à Tahiti, 1 à Huahine, 1 à Taha’a, 1 à Rurutu et 1 à Hao. Nous sommes régit par un comité central. Il nous sert de lien entre toutes les maisons. Tous les mois de juin/aout on a une rencontre de toute l’équipe encadrante. On fait le bilan de l’année et l’on met à plat toutes les difficultés que nous avons rencontré et ce que l’on peut développer en plus. »

Rendus obligatoires, des cours d’enseignements généraux sont dispensés. Français, maths, histoire-géo, anglais et re’o. Ensuite les élèves s’en vont faire leur CAPA à Moorea.

« Depuis 1985, à raison d’une centaine d’élève par an, nous avons vu passé près de 3500 élèves, certains ont fait carrière comme maître chantier, agriculteur, chefs d’équipe, à inter-route, Bernard travaux ou bien alors ont leurs propres entreprises, des élèves qui sont même partis en France. Je suis fier de mes élèves et quand ils me voient ils me disent toujours « m’sieur je suis devenu patron, j’ai des ouvriers ! » je suis content. »

Avec un taux de 100% de réussite, pas étonnant que la motivation soit au rendez-vous à chaque rentrée. Et à ceux qui lui disent que la MFR est une issue de secours pour jeune en perdition il répond :

« Chacun est libre de penser ce qu’il veut, tout ce que je veux moi c’est que ce jeune qui m’est confié s’en sorte et qu’il dise « tu vois ce vieux qui est là-bas, heureusement ce vieux-là ! Parce que lorsque nos jeunes nous rencontrent à l’extérieur de nos murs et qu’ils t’appellent « m’sieur » ça c’est pour moi la vraie réussite. Si tu passes sur le bord de la route et qu’ils te balancent un caillou dessus, c’est que tu as échoué. »

L'heure de la retraite

Il recommande au successeur d’aimer son métier, d’aimer le contact, d’être patient et d’observer.

« Les jeunes qui arrivent maintenant ce sont des jeunes qui ont déjà un vécu sur le terrain, dont les parents les ont délaissés. Ils sont le plus souvent accompagnés d’un assistant social. Autrefois les parents étaient bien plus impliqués, aujourd’hui ils ont abandonné leur rôle. Il m’est déjà arrivé de faire sortir des élèves du cachot. »

Jamais blasé, Tamui a à cœur d’accomplir son devoir. Emu aux larmes, il confie leur dire souvent que : « Le maramarama1 ne va pas venir tout seul si tu restes dans le poiri2. J’ai travaillé dur pour en arriver là. Je n’y suis pas arrivé du premier coup, mais je n’ai jamais baissé les bras.  Merci à tous pour votre confiance ! »

Tamui Teinauri laisse une équipe de 5 moniteurs, leur souhaite fa’a’ito’ito3 et leur prodigue cet ultime conseil :

« Tu te formes, fais former et tu formes les jeunes ! »

1 Lumière
2 Noir
3 Courage

Plus d'informations

Jeanne Phanariotis
Rédactrice web

© Photos : MFR Papara

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