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Portrait

Rithy, infirmier et danseur impliqué dans la culture polynésienne

Rithy, infirmier et danseur impliqué dans la culture polynésienne

Publié le 23 mai 2018

Arrivé il y a quelques années à Tahiti, Rithy est aujourd’hui bien installé en Polynésie française, où il découvre une culture proche de ses valeurs. Le jeune homme de 27 ans se prend de passion pour la danse traditionnelle et a déjà participé au Heiva avec la troupe Tamariki Poerani de Makau Foster en 2017. Apprendre la langue, les traditions, les arts sont pour lui une évidence ! Pour Hommes de Polynésie, le jeune homme au sourire pétillant retrace son parcours jusqu’au fenua. 

Au Heiva 2017 avec Tamariki Poerani © Ana Eduardo Photographe

Une enfance construite autour de deux cultures

Rithy est né en France et grandit avec deux sœurs aînées. Son accent chantant du sud le trahit : il vit et effectue toute sa scolarité à Toulouse.

« On me dit souvent : quand on te voit on dirait que tu es polynésien, et quand tu parles c’est foutu. (Rires) »

Les parents du jeune homme sont cambodgiens. Ils lui inculquent une double culture : cambodgienne et française, ce qui représente pour lui une véritable richesse humaine. Rithy commence à travailler à 17 ans puis passe cinq années dans l’armée, à Castres, où il est parachutiste tireur d’élite. Il rencontre sa compagne grâce à l’armée, où il côtoie son cousin. Elle est gersoise1 tahitienne et une grande partie de sa famille vit en Polynésie. Ils décident alors de tenter l’aventure tahitienne ensemble, de quitter la France pour commencer une nouvelle vie au fenua.

Rithy à l'armée

« Je suis cambodgien et ma culture cambodgienne vient d’Asie. Aller à Tahiti, c’était pour peut-être me sentir encore plus chez moi. En ayant bien lu l’histoire de la Polynésie française, ses tous premiers habitants venaient d’Asie orientale, donc chez moi. »

Ouvert sur le monde, Rithy souhaite y découvrir un nouveau mode de vie, qui lui correspond mieux et une nouvelle culture, avec laquelle il partage des valeurs communes.

« Mes parents sont toujours à Toulouse et je ferai tout pour les aider plus tard. »

Dans la culture et l’éducation cambodgienne, les parents prennent soin des enfants de leur naissance jusqu’à leur indépendance. Plus tard, l’enfant prend le relais et c’est à son tour de prendre soin de ses parents.

Une histoire familiale forte

Les parents de Rithy sont nés au Cambodge et arrivent en France en 1979, juste avant la fin du génocide cambodgien par les khmers rouges, qui ont décimé près d’un quart de la population cambodgienne. Ses deux parents ont vu une grande partie de leur famille périr durant cette période difficile.

« Ça a été très éprouvant pour eux. Ma mère a été torturée et a dû marcher plus de 600 km jusqu’à la frontière pour s’échapper, son père était douanier et c’était très mal vu. »

Au Heiva 2017 avec Tamariki Poerani
Au Heiva 2017 avec Tamariki Poerani © Ana Eduardo Photographe

Rithy explique que ses parents sont très attachés à leur culture cambodgienne. C’est aussi à cause de leur douloureux vécu qu’ils inculquent une éducation stricte à leurs trois enfants, en France, et les incitent à faire des études.

« C’est important pour eux car quand ils sont arrivés ici, ils ne parlaient pas très bien français et ont dû se débrouiller. Ma mère avait une famille aisée au Cambodge et elle a tout perdu. »

L’histoire de sa famille et ses racines cambodgiennes donnent à Rithy un regard sur le monde très ouvert, une maturité et une force de caractère qui lui permettent de tracer sa voie aujourd’hui en Polynésie et de se construire un avenir à son image.

Au heiva 2017 avec Tamariki Poerani
Au Heiva 2017 avec Tamariki Poerani © Ana Eduardo Photographe

S’impliquer dans la culture polynésienne avec la danse

Rithy s’intéresse à la culture polynésienne, et notamment au Ori Tahiti, avant d’arriver en Polynésie. Il a l’occasion de voir le groupe Tahiti Ora en 2014 à Toulouse lors de sa présentation du Heiva. Sa compagne le pousse alors à essayer et lorsqu’il s’installe à Tahiti, il se renseigne sur les troupes de danse. Rithy intègre alors la troupe de Makau Foster, Tamariki Poerani, dans laquelle il danse toujours.

« Je voulais absolument faire le Heiva avec eux et l’an dernier ça tombait bien, c’était le dernier Heiva de tatie Makau, j’en ai profité. »

Rithy rencontre également le chorégraphe Francky Tehiva, devenu un ami.

« Il nous a chorégraphié pour le Heiva et le Hura Tapairu, et il nous prépare en ce moment pour le Heiva avec la troupe Ori I Tahiti de Teraurii Piritua. »

Cette approche de la culture polynésienne par la danse pousse Rithy à élargir ses connaissances des arts traditionnels, des coutumes et de la langue, qu’il apprend depuis son arrivée.

« La langue est une racine très importante de la culture. C’est important de la préserver pour la transmettre ensuite à ses enfants. »

Cet apprentissage de la langue permet à Rithy de traduire et comprendre les thèmes et les chansons sur lesquels il danse. Pour lui, il est nécessaire d’être imprégné des paroles et des concepts présents dans le texte pour bien danser. C’est aussi une façon de s’imprégner de cette nouvelle culture auquel il s’adapte depuis plusieurs années. 

« C’est important que quelqu’un qui vient de l’étranger comprenne ce qu’il fait et qu’il s’intéresse à la culture dans laquelle il s’immerge. »

Rithy est également élève au Conservatoire Artistique de la Polynésie française et passe son examen de première année le 29 mai dans le cursus danse traditionnel. Toanui, son professeur et Francky, son chorégraphe, entraînent le jeune homme pour qu’il participe au solo compétition du Méridien, « j’ai envie de tester une nouvelle expérience ».

Le métier d’infirmier, une vocation pour Rithy

Actuellement en deuxième année d’études d’infirmier, Rithy aime prendre soin des gens et être en contact avec eux. C’est pourquoi il a choisi ce métier, qu’il voulait d’abord faire à l’armée. Suite à une blessure après un saut en parachute, le jeune homme décide de quitter l’armée et la France. Aujourd’hui, dans le cadre de ses études, il travaille à l’hôpital Taaone, où il aime « voir les gens aller mieux, même si parfois, ce n’est pas le cas ».

« J’ai fait la neurologie en début d’année et c’était assez dur émotionnellement, c’est un service ou il y a pas mal de décès. On nous apprend à l’école à créer une barrière pour ne pas être trop touché. »

Rithy confie arriver à se détacher parfois de ses émotions lors de moments difficiles au travail, et parfois non, cela s’acquiert avec l’expérience.

« Je suis très content de m’occuper de cette population polynésienne. Il y a un beau contact avec les gens, j’essaie de parler un peu tahitien avec eux. »

Pour lui, cette langue qu’il apprend avec soin, lui permet de casser une barrière qui peut exister avec certains patients et de les prendre en charge avec encore plus de soin et d’attention. Après l’obtention de son diplôme d’infirmier l’année prochaine, Rithy aimerait d’abord travailler à l’hôpital, puis exercer en tant que libéral à Tahiti. L’important pour lui est de rendre fier ses parents.

« Je fais tout mon possible pour avoir mon diplôme. Dans notre culture, il faut tout faire pour que nos parents soient fiers de nous et ne jamais les décevoir. »

Au-delà de sa passion pour la danse, Rithy retient de son aventure tahitienne les belles personnes qu’il y rencontre : Francky Tehiva, son chorégraphe, Makau Foster, grande dame du Ori Tahiti, Johann Pahero, son ami et coach de musculation, gagnant du solo du Heiva en 2014, et bien d’autres encore…

« Les valeurs que je vois ici et dans lesquelles je baigne, ce sont des valeurs qui sont celles que j’attendais, qui sont aussi proches de ma propre culture. »

Valeurs humaines, partage et sens de l’accueil… Le jeune homme découvre à Tahiti une belle culture pour laquelle il souhaite s’impliquer et dans laquelle il s’immerge avec joie et enthousiasme. Nul doute que Rithy continuera de tracer sa route en Polynésie, avec son sourire et son sens du contact qui le rendent si amical.

1 Gersoise : habitante du département du Gers, en France

Camille Lagy
Rédactrice web

© Photos : Rithy, Ana Eduardo Photographe

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