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Portrait

Jean-Pierre Marquant, l’aventurier de l’extrême

Publié le 24 mai 2019

On le connaît en Polynésie pour sa carrière d’agent immobilier, mais aussi et surtout pour ses incroyables exploits d’aventurier de l’extrême. Celui qui a côtoyé les stars et les people, de Marlon Brando à Johnny Hallyday, en passant par Alain Colas, Line Renaud, Carlos ou Sylvie Vartan, raconte à Hommes de Polynésie quelques épisodes de sa vie riche et trépidante…

C’est un exercice aussi passionnant que difficile de parler de Jean-Pierre Marquant, car cet homme, qui ne veut pas que l’on révèle son âge, mais à qui on donnerait facilement quinze ans de moins, est un creuset extrêmement riche de souvenirs dont il parle avec des étincelles dans les yeux, passant souvent d’une anecdote à l’autre en perdant parfois le fil, tellement ses expériences ont été riches et nombreuses.

L’ENFANCE EN MÉTROPOLE

Jean-Pierre arrive avec une pile de porte-documents, remplis de coupures de presse et d’articles de grands magazines et journaux internationaux. Avant d’éplucher Paris Match ou le Los Angeles Times qui parlent de lui, nous le branchons sur son enfance…

« J’aurais voulu être plus grand et plus intelligent »

Il se décrit comme un enfant chétif qui faisait les 400 coups. Ayant perdu sa maman jeune, c’est son père qui le prend en mains et le fait travailler dans sa boucherie où il transporte des carcasses de bœuf très lourdes. Il pense d’ailleurs qu’à la longue ses vertèbres se sont tassées, d’où son regret de ne pas être plus grand, lui qui aurait aimé mesurer 1m85… Plus étonnant, le fait qu’il aurait voulu être aussi plus intelligent, savoir parler 6 ou 7 langues par exemple, ce qui surprend quand on connait son expérience, sa sagesse et son érudition.

LE SERVICE MILITAIRE, PUIS LA GUERRE EN ALGÉRIE

Jean-Pierre est un ancien commando de l’armée française qui s’est battu pendant le conflit en Algérie, jusqu’en 1962, à la fin des hostilités. Parmi les commentaires qu’il livre sur le Général De Gaulle il y a le fait de ne jamais avoir compris pourquoi les essais nucléaires qui se faisaient dans le Sahara, sont venus se poursuivre en Polynésie…

« J’ai la particularité d’être presque insensible au froid et à la chaleur »

Pendant sa période en Algérie, il remarque qu’il est beaucoup moins affecté par la chaleur que ses camarades et se souvient que, lors de ses manutentions dans les chambres froides des abattoirs, il en était de même pour les températures négatives. Un petit détail qui va avoir son importance plus tard…

STEWARD SUR AIR FRANCE

C’est en tant que saisonnier qu’il devient steward sur la compagnie aérienne AIR FRANCE, et c’est le début de nombreux voyages, notamment aux Etats-Unis où il se documente, en bon rat de bibliothèque, sur la fameuse « Vallée de la Mort », fasciné par les paysages et les conditions extrêmes qui y règnent.

« Dans la Vallée de la Mort, tu meurs avant d’avoir soif »

Un lieu qui porte bien son nom puisque la chaleur suffocante qui y règne rend extrêmement dangereux de s’y rendre et de s’y attarder. Il enquête, fait des rencontres notamment l’un des derniers survivants de l’époque « gold rush », la ruée vers l’or. Petit à petit il emmagasine les conseils, recense les dangers… En 1966 il se lance et réussit la traversée en solitaire, exploit qu’il va réitérer plusieurs fois devenant un véritable spécialiste du site.

UN EXPLOIT SALUÉ PAR LA PRESSE INTERNATIONALE

« Death Valley », Jean-Pierre en parle comme d’autres parleraient de leur jardin. Il en connait maintenant les moindres recoins. Les rangers les plus aguerris le traitaient de fou mais saluent aujourd’hui son exploit. Paris Match lui a même consacré en 1966 plusieurs pages d’article.

« La peur fait partie de mes aventures et je vis avec en la surmontant »

Tous ses treks se faisant seul, la peur est souvent à ses côtés. Il évoque une anecdote où il s’est retrouvé en mauvaise posture sur une falaise lisse chauffée à blanc par le soleil, et où il a cru que sa dernière heure était arrivée. Il se débarrasse de son sac pour se tirer de ce mauvais pas mais c’est à une petite margelle en contrebas qu’il doit son salut.

Et les anecdotes se multiplient presque à l’infini comme le mystère des cailloux : on connait par les films ou les documentaires ces buissons du désert qui sont soufflés par le vent et bougent comme de légers ballons. Jean-Pierre a vu le même phénomène avec des cailloux et des rochers et on a souvent eu du mal à le croire. Il explique qu’il y avait, certes, des roches qui dégringolaient de la montagne, mais ensuite certains cailloux énormes continuaient leur chemin très loin au-delà de l’éboulement, comme poussés par une force cinétique invisible et mystérieuse…

DES JOBS AUX ÉTATS-UNIS PUIS UN JOUR… TAHITI !

Jean-Pierre a fait tous les métiers aux States, tous les petits boulots, étant parfois totalement fauché sans un dollar en poche : placeur de voitures, convoyeur de véhicules, homme de service (il a nettoyé la piscine de Line Renaud à Las Vegas), assistant chez un vétérinaire, serveur dans le restaurant situé au dernier étage de la tour Pan Am à New York …

Et un jour, comme souvent, c’est un pote qui lui parle de Tahiti. En arrivant à Papeete, il est immédiatement séduit par le calme du pays, le sourire des gens, et tous ces petits détails charmants, comme le fait que les piétons disent merci quand on leur cède le passage.

Avec son expérience de stew, c’est chez UTA qu’il reprend du service en vol et effectuera près de 200 aller-retours avec Los Angeles (où il rencontre notamment Marlon Brando) avant de ressentir la routine et démissionner pour s’installer en Polynésie.

L’AVENTURE CONTINUE EN POLYNESIE

« J’ai eu plusieurs activités professionnelles au fenua »

On lui parle souvent de sa carrière d’agent immobilier, mais Jean-Pierre préfère se rappeler qu’il a aussi vendu des chauffe-eaux solaires, et surtout qu’il a tenu des magasins de sport, important des planches de surf de Hawaii (les meilleures !) en lançant en Polynésie et en France la mode des skate-boards… C’est d’ailleurs en skate board qu’il réalisera un record de vitesse homologué à 108 km/h…

La Polynésie est évidemment pour notre aventurier un nouveau terrain de jeu fabuleux ! Les exploits continuent : faire du monoski entre Tahiti et Bora (ce qu’il avait déjà fait entre la Corse et la Côte d’Azur), se lancer depuis les sommets de Tahiti en delta plane…

« Quand je vole et que je suis pris avec mon aile dans un cumulus, c’est extraordinaire, il y a un parfum, une sensation de plénitude exceptionnelle malgré le risque de violents courants d’air ascendants »

Il a même fait du monoski tracté par le célèbre bateau Pen Duick IV de Eric Tabary, qui était barré pour cette occasion par Alain Colas. Et on le connait aussi en Polynésie pour ses 8 jours de survie en solitaire sur Rangiroa, aventure résumée dans son livre « Le coureur d’atolls ». Profondément écologiste, il se souvient avec une certaine fierté d’avoir relâché volontairement des tortues que des braconniers avaient retournées sur la carapace pour les manger.

Aujourd’hui Jean-Pierre s’éclate sur son vélo électrique, seul confort qu’il s’autorise en ne relâchant pas ses efforts, puisqu’il participe à l’X-terra en bénévole… Et puis, si vous voyez passer sur la route un cycliste athlétique aux cheveux blancs c’est sans doute Jean-Pierre Marquant, qui se fera sans doute un plaisir de vous défier si vous êtes aussi en deux roues.

Son dernier ouvrage : « Vous avez dit impossible, j’y vais ! » sort actuellement et est disponible dans les grandes librairies de la place.

Laurent Lachiver
Rédacteur web

© Photos : Laurent Lachiver

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