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Portrait

Jean-Pierre, du shopping à distance

Publié le 16 août 2019

Nombreux sont ceux qui se sont essayés à l’Entreprenariat. Beaucoup ont tenté et ont très vite abandonné. Jean-Pierre fait partie de ceux qui ont osé et se sont accrochés. En 2000, il lançait Viti Viti Coursier.  19 ans plus tard, son bébé est devenu un bel adolescent qui fait sa fierté. L’entrepreneur a accepté de partager avec les lecteurs d’Hommes de Polynésie son expérience.

Un enfant adopté

Jean-Pierre est le 4ème enfant adopté du couple Raihauti. Il vivra une enfance équilibrée et suivra un cursus scolaire traditionnel. Après l’obtention d’un Bac littéraire, il s’orientera vers des études de droit qu’il interrompra à l’issue de son DEUG.

« Mes parents n’étaient pas en mesure de pouvoir assumer les frais de scolarité. »

Pendant qu’il étudiait, il rendait également des services à sa famille. Il leur proposait d’effectuer le transport de leurs documents administratifs ou de faire leurs courses. Il constate alors qu’il existe une réelle demande pour ce type de prestations.

« Je leur ai demandé de payer mon carburant, puis mon repas. J’ai décidé d’en faire mon gagne-pain ! »

Il y voit un signe du destin et perçoit les prémices de son nouveau job. Il fait une étude de marché dans Papeete et crée rapidement son entreprise, sur les conseils avisés de son un ami et client, Marc Taurua,  : « Ha’aviti Jean-Pierre, monte ta société ! ».

Il se rapproche de l’Académie tahitienne et de Maco Tevane, pour valider le sens exact de l’expression « Viti Viti » (1), et après confirmation, il inscrit officiellement « Viti Viti Coursier » au registre des entreprises de Papeete. En guise de logo, il optera pour une tortue – signe de longévité.

L’accident

Un accident de la route a bien failli mettre fin à cette aventure en juin 2010.

« J’ai été victime d’un éboulement sur la RDO. J’étais en scooter. »

Les conséquences de cet événement impactent bien plus que son activité professionnelle. Son bras droit a été touché, et nécessite 6 mois de rééducation. Plusieurs phases suivront, dont la dépression, la séparation, la prise de poids. Il réussira à remonter la pente grâce à sa kinésithérapeute, Laurence Casta, mais également à sa passion pour son activité ainsi que sa foi chrétienne en Dieu.

« Jean-Pierre, ici je ne veux pas entendre  » je ne peux pas », mais  » je vais essayer »! »

Cette phrase de sa kiné est devenue sa devise. Après deux ans de rééducation, Jean-Pierre retrouve l’usage de son bras. Depuis cet accident, il porte un autre regard sur la vie. Il prend désormais son temps, et agit en fonction des priorités.

« Avant je répondais toujours « OUI » à mes clients, car « NON » équivalait pour moi à un échec. Aujourd’hui j’ai appris à dire « je ne peux pas ». »

Il s’est constitué un portefeuille d’une vingtaine de clients fidèles, et s’est diversifié en ajoutant à ses prestations les services en ligne, à destination des îles et des retraités. Il fait appel à deux sous-traitants.

« On a des clients contractuels avec des besoins fixes, comme des dentistes, des salons de coiffure, ou des sociétés d’impression. »

Ses journées démarrent à 5h30 et il doit rivaliser avec une dizaine d’entreprises, qui comme lui proposent des offres similaires. Son sens du relationnel, de la négociation et sa force de proposition pour apporter des solutions, là où le client a tout essayé, sont la plus-value de Jean-Pierre.

Cette année son « bébé » souffle sur sa 19ème bougie. Avec l’ère du numérique, beaucoup de ses clients se trouvent sur des archipels éloignés .

« Ils m’envoient la photo de leur produit par Facebook, je me rends chez le fournisseur, me place devant le rayon concerné, et je leur demande de démarrer leur vidéo. »

Nocturnes, ventes flash, occasions, Jean-Pierre rend accessible une transaction qui, il y a encore quelques années, n’était pas envisageable. Aujourd’hui, la majeure partie de sa clientèle des îles dispose d’un compte à la CCP et effectue les virements de compte à compte. Résultat, si un article en promotion est commandé le samedi soir, la livraison a lieu le dimanche matin.

« Le dimanche soir le colis est arrivé à bon port et les clients postent une photo généralement accompagnée d’un commentaire positif ! »

Malgré les revers de fortune qui ont jalonné son aventure professionnelle, il reste persuadé que chacun a entre ses mains tous les outils pour réussir sa vie. L’homme de Polynésie est à ses yeux quelqu’un qui sait exploiter son savoir-faire, tout en conservant son savoir être, comme le sens du partage et la solidarité. Jean-Pierre reconnait que c’est sa foi chrétienne qui l’a aidé à se relever quand il était au plus bas. Il encourage chacun à prendre son destin en mains, et souligne que l’entreprenariat en Polynésie dispose désormais d’un panel d’aides, telles que la DGAE (2), la CCISM (3), SOFIDEP (4) et l’ADIE (5).

« La motivation c’est le début, ne voyez plus dans les démarches administratives un frein à votre projet, il y a des agents qui peuvent vous aider à monter votre business plan. Vous avez une idée, appelez-moi, je suis prêt à vous orienter ! L’entrepreneur, c’est celui qui est capable de se remettre en question et de prendre des initiatives ! Je crois en vous ! »

  1. Viti viti : qui veut dire courir vite en tahitien
  2. DGAE : Direction Générale des Affaires Economique DGAE
  3. CCISM : Chambre de Commerce, d’Industrie, des Services et des métiers CCISM
  4. SOFIDEP : Société de Financements et du Développement de la Polynésie Française SOFIDEP
  5. ADIE : Association au Droit à l’Initiative Economique ADIE

Jeanne Phanariotis
Rédactrice web

© Photos : Hommes de Polynésie

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