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Portrait

Alani, lieutenant subrécargue dans les îles de Polynésie

Alani, lieutenant subrécargue dans les îles de Polynésie

Publié le 19 avril 2018

Sur le conseil d’un oncle, Alani Likafia a quitté son île de Wallis très jeune pour apprendre les métiers de la mer à l’École Maritime de Tahiti. Le conseil fut positif, car Alani y a trouvé, non seulement un métier mais une carrière et un mode de vie.

Originaire des Iles Wallis, le Lieutenant Subrécargue Alani Likafia est un adolescent âgé de quinze ans lorsqu’il vient à Tahiti suivre les cours de l’École Maritime de Papeete. Un avenir sur la mer semble alors évident à cet enfant issu de l’immense océan du Pacifique.

Au cours de ses études, de nombreux stages sont requis

« Mon premier stage devait se faire sur un Long Line de thonier. Mon cousin et moi, nous nous sommes inscrits ensemble pour un stage de trois mois à bord de ce bateau. »

Étant des îles et habitués à la pêche, ils pensent tous les deux que ce sera une partie de plaisir, une partie de pêche comme une autre. Ils ne s’attendent pas à ce qu’ils vont vivre. Leur mal de mer est terrible et ils n’arrivent pas à avaler quoi que ce soit. Le rythme de travail est très soutenu : ils travaillent tôt le matin, à poser les lignes. Vers seize heures, ils commencent à remonter les prises, et en général, ils ne se couchent pas avant deux ou quatre heures du matin.

Ils reviennent à terre considérablement amaigris, effarés et « dégoûtés » par un tel avenir. Ils doivent cependant effectuer d’autres stages à bord des thoniers. Certains de ces stages ont une durée pouvant aller jusqu’à six mois.

Le cursus ne s’arrête pas là, mais son chemin sera légèrement réorienté

« Une fois les stages terminés, cette profession de marin-pêcheur était également terminée pour nous ! » dit Alani dans un grand éclat de rire.

Alani choisit d’autres stages, des stages corsés mais plus gérables. De navire en navire, il se fixe à la société où il gravit tous les échelons et découvre les différentes facettes du métier. Par la suite, c’est dans le commerce qu’il se lance. Aujourd’hui, fort de ces deux bagages, il allie les deux formations. Il est Lieutenant-Subrécargue et gère toute la partie commerciale du navire de la société pour laquelle il travaille.

L’extraordinaire « Vente à l’Aventure »…

Lorsque le cargo arrive dans une île qui a un quai, le bureau-container d’Alani est déposé sur la barge et acheminé vers la terre. Alani ouvre ses portes face au vent pour la ventilation. C’est la Vente à l’Aventure ! Les habitants des îles font la queue pour passer leurs commandes au navire. Ils viennent également déposer et vendre leurs sacs de coprah, fruit de leur travail. Pour les îles difficiles d’accès, Alani prend les commandes par radio, à bord du cargo. Tout le matériel est ensuite transporté via les baleinières après que les commandes venant de terre soient faites. Alani accompagne alors les livraisons à terre. Il effectue la « Vente à l’Aventure » sur chaque île, mais bien souvent, son cœur le pousse à faire du social.

« La vie des îliens n’est pas facile, elle est rude », Alani le sait car il côtoie ces habitants depuis bien longtemps. Ses années professionnelles lui ont beaucoup apporté et affûté sa connaissance de l’être humain.

Dans la vie, tout n’est pas rose, et la mésaventure peut pointer le bout du nez derrière une vague

Alani me raconte une de ses mésaventures les plus marquantes : celle du renversement de la baleinière.

Le cargo s’approche de Tureia ; une tempête est de la partie. Une baleinière est descendue du cargo. À son bord, neuf hommes dont Alani. La petite passe est étroite. Tout à coup, la mer s’agite, la baleinière chavire et tout le monde se retrouve à l’eau.

« Le courant sortant empêchait aux hommes à la mer de s’approcher de la terre. J’ai nagé pendant des heures pour ne faire que du surplace à un mètre du récif ! Nous faisions de toutes nos forces du surplace pour ne pas être emportés. Il y a eu des blessés, et l’un d’eux est désormais handicapé à vie. »

Depuis cet épisode dramatique, si le temps n’est pas favorable, le navire n’entreprend aucun déchargement. Il ne s’arrête pas. Il continue son chemin. Il ne s’arrêtera à Tureia qu’à son retour de Mangareva, lorsque la tempête se sera calmée.

La vie en mer et l’expérience du travail sur l’océan et dans les îles ont façonné chez Alani Likafia une exigence prononcée du travail requis auprès de l’équipage. Mais elles ont également contribué à former en lui un cœur grand et empli de compassion pour les habitants des îles isolées.

Rai Chaze
Rédactrice web

© Photos : Rai Chaze

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