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Art & Culture

Patrice, l’ariégeois artisan de Moorea!

Publié le 3 décembre 2018

C’est l’histoire d’un ariégeois qui n’aimait ni l’eau, ni le soleil. Après une carrière dans la Banque, il découvre la Polynésie et est instantanément, comme on dit, piqué au tiare. Patrice Terehere abandonne son costume de citadin et devient artisan free style à Moorea. Il se confie à Hommes de Polynésie

Comment imaginer qu’un gamin né dans l’Ariège, qui n’aimait pas l’eau, qui n’aimait pas la mer et qui n’aimait pas le soleil, atterrirait un jour en Polynésie. C’est pourtant l’histoire surprenante de Patrice.

Enfant, en effet, il rêvait d’avoir un métier dans la restauration ou l’hôtellerie. Mais sa maman ne voulait pas qu’il quitte Castres. Il poursuit des études qui, après un baccalauréat G3, se dirige vers un BTS action commerciale.

« je passe quelques années dans le secteur bancaire »

Après son diplôme, Patrice décroche son premier emploi important, en rentrant dans une banque. Il aime faire du conseil à la clientèle. Au fil du temps, il est élu dans un syndicat et défend ses collègues avec beaucoup d’engagement, et s’oppose à sa Direction.

PAS CHICHE DE VENIR À TAHAA

Patrice prend ensuite un congé parental durant lequel il voyage. Il découvre New York, et un ami habitant la Polynésie lui lance le défi de venir le rejoindre à Tahaa. Sacré contraste avec la mégapole américaine… mais Patrice part pour les îles sous le vent.

« mon séjour en Polynésie va se prolonger… »

Parti pour séjourner trois mois, Patrice va rester deux ans, car il tombe fou amoureux du fenua et en particulier de sa culture. La gentillesse des Polynésiens, leur mentalité, le séduisent. Il parle de la Polynésie avec beaucoup de conviction, et avoue que le fenua l’a énormément changé.

« dans ce pays, je me suis découvert, je me suis révélé… »

Il n’hésite pas à dire que la Polynésie lui a permis de se découvrir lui-même, agissant comme un révélateur et un déclic. Quelqu’un lui dit un jour « mais qu’est-ce que tu es venu te perdre ici à Moorea ? » ce à quoi il répond fièrement : « je suis venu me trouver ! ».

Pendant son premier séjour, il est attiré par l’artisanat local, et s’y essaye. Avec le recul, il qualifie ses premières tentatives d’assez enfantines.

« je rentre en métropole pour quelques années »

C’est la fin de son congé parental, Patrice rentre en métropole. Il démissionne de son emploi bancaire et se lance en free style autodidacte dans l’artisanat polynésien. Au fil du temps, il se perfectionne, en travaillant notamment des coquillages.

2007 : INSTALLATION DEFINITIVE EN POLYNESIE

Il n’oublie pas la Polynésie et, en 2007, c’est le grand retour au fenua avec le choix stratégique d’une île : Moorea. Plus calme que Tahiti et plus animé que les autres îles, ce sera l’endroit rêvé pour s’installer. Et lorsque son épouse et son fils repartent en métropole, Patrice reste pour de bon.

« si je m’habille, j’ai l’impression de me déguiser »

Et depuis plus de dix ans, il vit dans son petit paradis ayant définitivement abandonné ses habits de citadin métropolitain. Sa garde-robe se résume à quelques pareos. Et il est heureux d’être pieds nus en permanence.

Ses anciens habits sont pour lui comme un déguisement. Ah si ! il y a eu une exception : il s’est habillé le jour où il a joué le rôle d’un méchant dans le téléfilm « Al Dorsey », inspiré des romans de Patrice Guirao.

On constate également qu’il est abondamment tatoué. Un vieux rêve de jeunesse qui n’avait pas été concrétisé tout de suite car Patrice n’avait pas trouvé les bons motifs.

Evidemment, là aussi, ce sera la révélation en Polynésie avec le tatoueur Isidore Haiti de Raiatea, puis Opeta, un copain marquisien, à qui il raconte son histoire, étape importante pour que cela soit traduit avec les bons motifs sur sa peau. Seule une croix occitane sur le pito est l’exception au milieu de magnifiques tattoos locaux.

UN ARTISANAT INSPIRE ET ORIGINAL

Patrice a désormais tout loisir pour exercer son art, et il crée avec autant de talent que d’originalité, des créations superbes que l’on est sûr de ne pas trouver ailleurs.

« j’utlise tout ce qui me tombe sous la main, tout ce que la nature m’offre »

En effet ses créations proposent des dessins sur des opercules de burgots, mais aussi et surtout des associations très inspirées de divers matériaux : la perle avec du corail, les coquillages avec du bois, le bambou et une arête de poisson… et, bien sûr, les possibilités sont infinies, et donnent des créations uniques.

Patrice fait tout au feeling, l’inspiration lui vient au fur et à mesure et il ne fait jamais de croquis ou de dessin. Il expose de temps en temps comme il y a quelques semaines en marge du salon du tatouage, et on peut découvrir ses œuvres dans la boutique Natural Mystic de Moorea, au petit village de Haapiti.

Il ne cesse de créer et a même l’envie de travailler en étroite collaboration avec d’autres artistes pour fusionner leurs techniques et leurs talents. Patrice vit la vie qu’il a choisi, dans ce petit coin du monde qui est devenu son paradis, et ses créations méritent vraiment d’être découvertes.

Laurent Lachiver
Rédacteur web

© Photos : Patrice Terehere

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