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Art & Culture

Frédéric, à « chœur » ouvert !

Frédéric, à « chœur » ouvert !

Publié le 5 novembre 2018

« Mon père était anesthésiste mais n’a jamais eu d’autres passions que la musique. » 

Frédéric Rossoni, pianiste passionné de guitare, enseigne l’improvisation dans le département de Jazz du Conservatoire Artistique de la Polynésie Française. Hommes de Polynésie revient avec celui qui n’a jamais eu de patron de sa vie, sur sa carrière de musicien qui vous allez le lire est aussi éclectique que le personnage.

« Oui, parce que je ne vous ai pas encore dit que du côté de ma mère qui est peintre, toute la famille était dans le spectacle et le music-hall. »

Un accord parfait

Comme d’habitude, il n’a pas fallu attendre longtemps pour que Frédéric, l’aînée des deux, donne de la voix. Il en a toujours été ainsi chez les Rossoni. 

« Je suis arrivé en Polynésie parce que j’étais venu deux fois en vacances à Tahiti voir mon frère batteur et professeur au conservatoire. J’avais été enthousiasmé par ce pays. « Si tu entends qu’un truc se libère et bien tu me le dis », je lui disais. Et pendant ce temps-là j’étais vraiment dans le show-business pendant 10 ans. »

Avant d’aborder ce chapitre de sa vie, abordons celui consacré à son père : l’anesthésiste épris de musique. Autodidacte complet il peut jouer de tous les instruments mais ne connaît pas une note de solfège. Il a une collection rassemblant toutes les familles ; cuivres, bois, cordes, claviers. Il joue donc tout à l’oreille et chante aussi très bien les mélodies italiennes de sa voix de ténor.

« Passionné de Jazz et de musique brésilienne qu’il était j’ai donc été bercé toute mon enfance par « Girl from Ipanema » de Jobim ou « Nuages » de Django Reinhardt. Mais loin d’en apprécier la saveur à l’époque j’étais plutôt un peu saoulé par sa guitare et plus intéressé par le dessin ou la lecture. »

Entrée de gamme

Ce n’est que plus tard à l’époque du collège et du lycée, au contact des copains baba cool de l’après 68 grattant leurs guitares sur des airs de Graeme Allwright ou Maxime Leforestier, que son intérêt pour la musique s’est éveillé.

« Le catalyseur fut la découverte des Beatles ; cette rencontre musicale fut décisive pour toute l’orientation que j’allais donner à ma vie. »

A 14 ans donc il se mit à apprendre la guitare classique, qui fut son premier instrument et qu’il pratique toujours. Mais à la maison, chez sa grand-mère, trônait un piano qui avait servi à créer les opérettes marseillaises, La belle de Cadix et Marinella font partie du patrimoine familial.

« Oui, parce que je ne vous ai pas encore dit que du côté de ma mère qui est peintre, toute la famille était dans le spectacle et le music-hall. Mon grand-père était l’impresario d’Yves Montand et de bien d’autres artistes d’avant-guerre. »

Le « LA » de sa vie

Ce piano l’attirait tellement qu’il a appris tout seul à en jouer en transposant divers morceaux de guitare, dont les Beatles évidemment, et en déchiffrant le stock de vieilles partitions de sa grand-mère. Plus tard il a intégré la classe de piano mais il était déjà majeur.

« A 18 ans les choses sont allées très vite. Je faisais partie d’un groupe de Rock qui a été signé dans la plus grande maison de disque de l’époque (CBS) en même temps que TRUST et Francis Cabrel, ce dernier a même fait notre première partie à un de nos premiers concerts (il était fan). Mais nous n’avons pas eu la même carrière ! »

De là, il a fréquenté tout le Show-biz parisien pendant dix ans. Il a notamment participé à l’émission Champs Elysées de Michel Drucker, de 1983 à 1990, où il a eu la chance d’accompagner au sein d’un grand orchestre et sous la baguette des plus grands arrangeurs français des artistes comme Charles Trenet, Yves Duteil, Enrico Macias, Gilbert Bécaud, Mireille Mathieu, François Valéry, Donna Summer, Charles Dumont et bien d’autres. Parallèlement il a intégré l’orchestre du Moulin Rouge où il a sévi de 1985 à 1990. Et puis un jour, un poste de professeur d’orgue classique s’est libéré et il a intégré le CAPF, un peu fiu de la vie parisienne.

« La veille de mon départ pour Tahiti j’étais à Lille avec Pierre Bachelet pour mon dernier Champs Elysées. »

Rythme des îles

A Papeete, avec le TROPICAL BAND crée par Stéphane Rossoni, il a accompagné quasiment tous les grands noms de la chanson polynésienne pour des occasions spéciales comme le Heiva Upa Rau, Himene Patitifa ou encore 9 semaines et un jour. Ils ont fait les beaux soirs du New Orleans, cette boîte de Jazz tant regrettée et jamais remplacée, qui lui a permis de développer sa connaissance du Jazz avec des musiciens américains invités régulièrement. Le conservatoire, lui, lui a permis de monter un grand orchestre, le Big Band. Ils ont réalisé, en dehors de programmes de musique classique, des comédies musicales telle Notre-Dame de Paris et bien d’autres projets.

« Ici, paradoxalement j’ai fait un tas de choses musicalement que je n’aurais pas pu faire en France d’abord en tant que chef d’orchestre, parce qu’il faut avoir un orchestre sous la main, et ce qu’on a réussi à faire tous les deux ans, cela aurait été beaucoup plus difficile de le faire en France. »

Frédéric avoue avoir toujours été plus intéressé par la composition, l’orchestration et la direction d’orchestre que par l’interprétation. Il a donc travaillé en tant qu’arrangeur-compositeur et réalisé beaucoup de musiques de génériques, de chansons, de maquettes pour divers artistes en métropole comme à Tahiti.

« J’ai croisé des musiciens polynésiens à Los Angeles et ils m’ont dit « merci, merci de nous montrer la voie ! ». Ils se rendent comptent qu’il y a une professionnalisation du secteur. Si on peut montrer que la musique c’est aussi un métier et que ça demande une discipline, je pense qu’il y en a pas mal qui en seront convaincus ! »

A ces moments perdus, Frédéric trouve encore à s’occuper. L’ancien étudiant littéraire prend parfois la plume. D’ailleurs petite parenthèse, en arrivant en Polynésie il s’inscrit à l’Université de la Polynésie Française.

« On était la première promo a passé une maitrise d’anglais sur le territoire, c’était en 1995, ensuite en 2000 j’ai passé ma thèse, plus tard j’apprenais le japonais. Les langues étaient une passion. Aujourd’hui je peux me débrouiller dans plusieurs langues. »

Quand il n’enseigne pas il rêve d’écrire de la musique de film. « C’est peut-être le seul regret que j’ai. » Au rêve il faut ajouter le voyage. Frédéric a déjà fait une vingtaine de déplacements dans l’Asie du sud Est. Dernièrement il a découvert le Brésil, le Pérou, la Chine, l’Argentine.

« Il y a deux pays que je veux absolument voir c’est l’Inde et l’Egypte.  Mais s’il ne fallait retenir qu’un message ce serait de se dire qu’il est bien de laisser une trace et d’expliquer ce pourquoi on est là. »

Jeanne Phanariotis
Rédactrice web

© Photos : Frédéric Rossoni, DreamGza Tahiti

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